POUR UN SOLDAT CITOYEN

L'Afghanistan expliqué aux soldats et à leurs familles

samedi 17 avril 2010

Après la mort d'un chasseur du 13e BCA de Chambéry mardi : "Nos actions quotidiennes ne changeront pas"

11 février 2010
Propos recueillis par Pierre-Éric BURDIN
Paru dans l'édition 05A du 11/02/2010
Solennel, mais humain. Digne. Le lieutenant-colonel Sicard, commandant en second du 13e Bataillon de Chasseurs Alpins (Chambéry) est revenu, hier, sur le décès de l'un de ses hommes, tué au combat mardi, en Afghanistan.
F Avez-vous reçu des précisions sur les circonstances de l'attaque qui a coûté la vie au chasseur Enguerrand Libaert ?
- En début d'après-midi, une compagnie de l'armée nationale afghane devait escorter un convoi logistique pour ravitailler les postes de combat afghans dans la vallée d'Alasay. Elle était accompagnée par une compagnie française du Groupement tactique interarmes de Kapisa, pour sécuriser la zone. La compagnie française a été prise à partie par des insurgés. Les militaires étaient en véhicule mais l'attaque s'est déroulée alors qu'ils étaient à pied, en train de reconnaître un point particulier. S'en est suivi un échange de tirs très nourri. Un soldat du bataillon a malheureusement été tué.
F C'était une mission
classique ?
- Classique oui car le ravitaillement est quotidien. Cette zone était connue, mais sensible. Les convois logistiques sont très nombreux et cela faisait plusieurs fois que le bataillon était engagé sur ce type d'opération. Ce style d'accrochage, également, est relativement quotidien.
F Ce soldat qui était de première classe, en première mission extérieure, était-il apte pour cette opération ?
- Il était particulièrement apte, comme tous ses camarades du bataillon. Ils ont suivi pendant un an un entraînement en vue du départ en Afghanistan. Les six derniers mois passés en France ont été consacrés exclusivement à la préparation de cette mission. Donc tous les militaires du bataillon sont prêts, sereins et confiants.
"Des accrochages quasi-quotidiens"
F Comment se porte
le soldat blessé la veille,
et qui a été rapatrié ?
- C'était au cours d'une mission similaire, mais lors d'une opération différente. Il a été blessé par balles. Il est maintenant à l'hôpital du Val-de-Grâce ; ses jours ne sont pas en danger. C'est un jeune homme d'une vingtaine d'années, un caporal de la première compagnie, originaire de la région.
F Ce décès, le 40e d'un soldat français en Afghanistan, va-t-il changer quelque chose dans la stratégie appliquée sur place ?
- C'est malheureusement notre travail. Les actions qui ont lieu chaque jour sur le terrain ne changeront pas : c'est la vie du soldat. Il est mort au combat. Toutes les mesures de sauvegarde avaient été prises.
F Comment vont se dérouler les cérémonies d'hommage à Enguerrant
Libaert ?
- Ce matin (hier, Ndlr), à l'intérieur du bataillon, j'ai réuni l'ensemble du personnel pour respecter une minute de silence en sa mémoire. En même temps, on était en communion avec l'Afghanistan puisqu'ils ont organisé, là-bas, une cérémonie identique. Une bonne occasion de montrer la cohésion du bataillon face à l'adversité.
F Les obsèques militaires auront lieu lundi en présence du ministre de la Défense, Hervé Morin. Il est important, pour vous, qu'il fasse le déplacement ?
- C'est très important. Pour la famille, comme pour le bataillon. Nous montrons notre cohésion.
F Des mesures d'accompagnement ont-elles été prises pour la famille de la victime ?
- Oui. Une fois qu'elle a été prévenue, se déplace une équipe du bataillon qui l'entoure pour surmonter le choc et l'aider dans toutes les démarches administratives. Lui expliquer, aussi, le parcours qui ne sera pas toujours facile à endurer avec les cérémonies militaires qui sont dures à appréhender.
F Avez-vous le sentiment que la tension s'est accrue, notamment dans la région de Kapisa, en Afghanistan ?
- L'unité présente là-bas juste avant nous devait déjà faire face à des accrochages quasi-quotidiens. On est resté sur la même ligne d'intensité. Notre mise dans l'ambiance a donc été assez rapide, avec effectivement une situation tendue.

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