POUR UN SOLDAT CITOYEN

L'Afghanistan expliqué aux soldats et à leurs familles

samedi 17 avril 2010

Le Colonel Vincent Pons au "Dauphiné Libéré" : "Nous sommes en zone sensible"

18/01/2010
Propos recueillis par Jacques LELEU, Le Dauphiné Libéré
Trois soldats français morts depuis le début de l'année en Afghanistan, dont 2 en Kapisa. Les 500 chasseurs alpins arrivés début décembre dans cette région montagneuse de l'Est du pays ont vite pris la mesure du danger, même si les victimes ne faisaient pas partie de leurs unités. Le Colonel Vincent Pons, qui commande le 13e bataillon de chasseurs alpins, raconte comment ses hommes se préparent à entrer dans l'hiver afghan.
Un harcèlement quotidien
"Seuls les sommets sont enneigés, avec des températures plus clémentes qu'en France. L'arrivée du froid et les difficultés de circulation liées à la neige devraient faire baisser l'activité des insurgés, mais ce n'est pas encore le cas.
"Nous sommes entrés de plain-pied dans notre mission qui est dense et exigeante. La Kapisa reste une zone sensible où les insurgés harcèlent très régulièrement les forces afghanes comme celles de la coalition."
F Vous redoutiez particulièrement l'utilisation des bombes artisanales explosant sur le passage des véhicules. La menace se confirme-t-elle ?
- Oui et nous en avons encore eu la confirmation il y a quelques jours avec la mort du sous-officier tué par une mine artisanale (IED : individual explosive device) dans notre zone d'action. Nous avons déjà trouvé plusieurs IED qui n'ont pas explosé. Ils étaient placés sur les axes que nous avons à reconnaître. C'est un savoir-faire que nous maîtrisons bien et l'expérience a montré que nous sommes capables de les détecter dans la plupart des cas.
F Comment va le moral des hommes, surtout après l'annonce des trois derniers morts dans votre zone d'action ?
- Nous avons organisé un moment de recueillement en leur mémoire. Nous avons ensuite tenté de comprendre ce qui s'était passé pour faire face à de telles situations. Nous leur avons expliqué que la vigilance et le professionnalisme restaient notre meilleure protection. Ils ont absorbé le choc de la nouvelle et restent très concentrés dans la préparation de leurs missions. Je n'ai pas noté de dégradation de leur motivation.
F Vous avez également participé aux recherches des deux journalistes enlevés. Quelles nouvelles avez-vous ?
- Nous avons renforcé les contrôles des axes dans notre zone d'action avec la police afghane, mais notre rôle s'arrête là. Nous n'avons pas plus d'informations sur leur situation.
F Ces opérations de contrôle ne vont-elles pas braquer les habitants contre vous ?
- La population de la Kapisa est en guerre depuis 30 ans. Elle n'est pas étonnée de voir de tels contrôles. Elle sait pourquoi nous les effectuons.

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