POUR UN SOLDAT CITOYEN

L'Afghanistan expliqué aux soldats et à leurs familles

samedi 17 avril 2010

Avec l'armée française, à Tagab, sous le feu des insurgés

De Hervé ASQUIN (AFP) – 5 janv. 2010
JALOKHEL — 8h30: la base française de Tagab, dans l'est afghan, est réveillée au son de ses mortiers: une unité, partie sécuriser le village de Jalokhel pour une réunion entre chefs de tribus et un officier français, est prise sous le feu nourri des insurgés.
"Nous avons été pris à partie avec de la Kalachnikov, du PKM (mitrailleuse lourde de fabrication soviétique, ndlr) et peut-être du tir de précision, personne n'a été touché et on a riposté", explique un capitaine de la Légion étrangère arrivé en éclaireur avec une compagnie de chasseurs alpins.Sur la base, distante de trois kilomètres, l'écho des combats met tout le monde en alerte.
A l'entrée du QG, un panonceau annonce: "TIC en cours". Dans le jargon de l'Otan, un TIC (Troop In Contact) signale un accrochage. Il s'en produit quasi quotidiennement dans ce sanctuaire taliban.
L'accrochage se prolonge pendant trois quarts d'heure et les militaires français ripostent vigoureusement, à coups de fusils d'assaut, de mitrailleuses lourdes, de mortiers et de canon de 105. Un missile antichar Milan est tiré contre des insurgés embusqués derrière un muret.
"Je pense qu'on a fait un peu de bilan (blessés ou tués, ndlr) en face", confie un soldat.
Deux heures plus tard, une nouvelle colonne de militaires français, mais aussi de gendarmes qui accompagnent des policiers afghans, se dirige vers le village.
Objectif: tenir malgré tout la choura (assemblée de notables) prévue et perquisitionner deux habitations traditionnelles d'où seraient partis les tirs des insurgés.
Finalement la choura se réunit dans une salle de la mosquée de Jalokhel, en présence du colonel Vincent Pons, patron des 800 soldats français déployées dans la province de Kapisa.
"Hier soir les talibans ont distribué des tracts dans toutes les mosquées de la région disant que si les maleks (notables) participaient à la réunion, ils seraient tués", explique le "chef" de la choura. Assis en tailleur tout autour d'une pièce aux murs nus, la vingtaine de maleks présents écoutent sans broncher.
La discussion se poursuit autour de projets de construction de puits ou d'irrigation, tandis que quelques tirs retentissent au loin.
"On ne peut pas développer de projets dans ce contexte, quand je suis obligé de faire tirer mes canons, mes fusils et mes missiles", observe le colonel Pons.
Le chef des maleks salue les Français qui ont maintenu la choura dans cette "zone de guerre".
Mais personne ne s'éternise pour la photo de famille. "La dernière fois qu'on a fait ça dans une école, des roquettes ont volé au-dessus de la cour", glisse l'officier français.
A deux pas de là, les perquisitions sont effectuées sans résultat par la police afghane, sous l'oeil vigilent de ses "mentors" de la gendarmerie française.
L'opération se poursuit dans l'après-midi de l'autre côté du pont de Jalokhel, à l'entrée de la majestueuse vallée d'Alasay où les Français tirent des obus fumigènes pour désengager une section. "Un tireur (insurgé) neutralisé", annonce la radio.
La journée se terminera comme elle avait commencé, sous le feu des insurgés qui profitent du désengagement des Français pour lancer une nouvelle attaque.
Dans son blindé dont les "gunners" répliquent à coups de fusil d'assaut, le colonel Pons donne ses ordres à la radio, impassible.
Les détonations claquent tout autour en rafale. Mais la colonne française parvient à se reformer et à rejoindre sa base sans dégâts. Dans le ciel, vrombissent deux hélicoptères d'attaque Tigre. L'un d'eux ouvre le feu au canon sur un bosquet. "Une journée presque ordinaire à Tagab", note le colonel Pons.

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