POUR UN SOLDAT CITOYEN

L'Afghanistan expliqué aux soldats et à leurs familles

samedi 17 avril 2010

Le 13e BCA depuis quatre mois dans la vallée de la Kapisa

26 mars 2010
Source : Le Dauphiné Libéré
Propos recueillis par Éric VEAUVY
Voilà déjà quatre mois que le 13e BCA de Chambéry-Barby est engagé en Afghanistan pour une mission qui durera encore deux mois. Une mission qui restera d'ores-et-déjà marquée par la mort au combat, en janvier dernier, d'un caporal de la 3e compagnie, Enguerrand Libaert.
C'est son capitaine, Thomas Colleter, que nous avons joint au téléphone, mercredi, afin de faire le point avec lui sur la situation sur le terrain.
Comment se déroule la vie au jour le jour ?
« Les conditions de vie sont assez spartiates. Dans la base avancée de Tagab, nous sommes environ 600 à 700 hommes dont l'état-major du Groupement tactique interarmes, deux compagnies de combat et des renforts du 4e Chasseurs de Gap.
Nous effectuons une mission par jour : escorte de convois, patrouilles, contact avec la population, soutien à l'ANA (armée nationale afghane)...»
Par rapport au dernier mandat du 13 en Afghanistan, en 2008, la situation est-elle différente ?
« Cela n'a rien à voir. Il y a deux ans, nous étions basés à Kaboul et ma compagnie était chargée de la protection du camp de Warehouse. Nous n'avions pas mis le nez dehors. Ici, en Kapisa, le secteur est agité car les insurgés sont très actifs. Les accrochages sont monnaie courante. Cela va du simple tir de harcèlement effectué par une poignée d'hommes à des engagements plus sérieux avec une trentaine de combattants en face de nous. Les petits groupes sont d'ailleurs souvent plus difficiles à neutraliser car ils se déplacent très vite et se fondent dans la population. Nos bases sont aussi prises à partie de temps en temps par des tirs de mortiers. »
Vous avez perdu un homme de votre compagnie en janvier, qu'est-ce que cela a changé ?
« C'est évidemment le moment le plus douloureux qui soit. À cet instant, le métier des armes vous saute au visage et la question qui vous taraude sans cesse est de se demander comment j'aurais du faire pour éviter cela. Après, en décortiquant la mission, on se rend compte qu'il n'y avait rien de plus à faire, qu'aucune erreur n'a été commise, que cela fait partie du métier. Nous avons connu des accrochages plus sérieux que celui au cours duquel Enguerrand a été tué et pourtant sans dommage... Ce drame a en tout cas resserré les liens au sein de la compagnie. »
Il y a deux ans, les hommes sur le terrain se plaignaient souvent de l'inadaptation de leur matériel. Y a-t-il eu des évolutions ?
« Nous avons un VAB (véhicule d'avant blindé) par section équipé d'une tourelle de tir automatique ce qui évite au tireur de s'exposer. Nous portons des chaussures de montagne mieux adaptées au terrain, nos gilets pare-balles permettent davantage de mouvements. »
L'hiver a plutôt été clément cette année. Est-ce un avantage pour les insurgés ?
« Les températures sont quand même descendues assez bas, mais il y a eu effectivement moins de neige que les autres années et c'est vrai que la neige complique le déplacement des insurgés, le passage des cols, la circulation en montagne... »
Quels sont les rapports avec la population et l'ANA ?
« Les Afghans sont las de la guerre et nous le disent. Le travail en commun avec l'Armée afghane se passe bien. Nous espérons qu'ils pourront vite devenir autonomes et nous sommes là pour les accompagner. »
Par rapport à ce que vous aviez imaginé, qu'est-ce qui vous a le plus surpris ?
« Rien ne m'a surpris, si ce n'est le rythme beaucoup plus élevé qu'en France. Le temps passe très vite ! Pour le reste, notre préparation qui a duré pratiquement un an nous permet de faire face à notre mission. »

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